Cigarette électronique : l'arnaque du formaldéhyde
Une étude japonaise parue en Novembre a été largement reprise par la presse. L'étude aurait montré que des niveaux de formaldéhyde seraient 10 fois supérieurs à ceux de la cigarette « classique ».
Un correctif a été rapidement apporté par l'auteur de l'étude lui-même. Il rappelle que ses travaux montrent, au contraire, que les niveaux de formaldéhyde sont en moyenne10 fois inférieurs à ceux de la cigarette classique. Pour certaines marques testées, le niveau est de 100 à 200 fois plus faible que pour les cigarettes classiques, avec des niveaux pour les autres toxiques mesurés (acroléine, acétaldéhyde, propanal) souvent inférieurs au seuil de détection. (voir ci-dessous le tableau récapitulatif des résultats obtenus).
Le formaldéhyde cancérigène?... oui mais.
Le formaldéhyde est classé dans la catégorie des"cancérigènes certains" par les autorités de santé en Europe et aux Etats-Unis depuis le début des années 2000. Evidemment, cela peut faire peur. Mais plusieurs éléments permettent de dresser un tableau plus nuancé:
- Le formaldéhyde- aussi connu sous le nom de formol lorsqu'il est dissous dans l'eau- est présent naturellement dans la plupart des végétaux et notamment au sein des fruits et légumes. Pour donner un ordre d'idée, une poire – même la plus bio des poires bios- en contient en moyenne 6000 à 10000 μg selon la variété et la maturité du fruit (voir tableau). On estime ainsi qu'un individu peut ingérer, selon ses habitudes alimentaires, de 1500 μg à 14000μg de formaldéhyde par jour, sans qu'il ait été possible de montrer une corrélation entre ce niveau d'exposition et un quelconque risque de cancer1.
- Le formaldéhyde n'est donc pas -à des niveaux d'exposition réalistes- par lui-même cancérigène. C'est indirectement qu'il va augmenter le risque de cancer : présent dans l'air ambiant -le formaldéhyde est particulièrement volatile- il va agir comme un irritant des voies respiratoires supérieures et rendre celles-ci plus vulnérables face à d'éventuels polluants.
- Le lien entre exposition au formaldéhyde et cancer a été établi chez les travailleurs de secteurs industriels utilisant ou produisant du formaldéhyde (embaumement, fabrication de panneaux de bois agglomérés etc). Si toutes les études réalisées ne concluent pas à l'existence d'un risque significatif, certaines montrent une augmentation du risque de cancer des voies nasales3. Le risque de cancer du poumon n'est pas augmenté4. En valeur absolue, l'exposition professionnelle à des niveaux élevés de formaldéhyde pendant une longue durée (supérieure à 30 ans), ferait passer le risque de subir un cancer des voies nasales au cours de la vie de 0,5% à 0,7% . Pour donner une comparaison, fumer augmente le risque de développer un cancer du poumon avant l'âge de 75 ans, de moins de 1% chez les individus n'ayant jamais fumé à 15% chez les fumeurs.5
- Selon une étude réalisée en 2013, le niveau d'exposition au formaldéhyde mesuré pour un consommateur moyen de la cigarette électronique est 20 fois inférieures à la valeur limite d'exposition professionnelle6. Il est probable que ces niveaux seront progressivement ramenés à zéro avec les prochaines générations d'appareil. Ce qui exclut un risque d'exposition chronique à long terme.
Dans tous les cas, aucune étude publiée à ce jour ne remet en question le gain pour la santé que représente le passage du tabagisme au "vapotage". Le niveau résiduel d'éléments toxiques ne devrait pas être un critère central dans le choix des matériels utilisés. La meilleure cigarette électronique n'est pas celle dont les niveaux de formaldéhyde, d'acroléine et autre sont les plus faibles, c'est celle qui permet au fumeur de réduire à zéro sa consommation de tabac.